André TERRISSE, Unité Africaine,
C'est bien de son « oralité » que le conte africain tire sa valeur et sa densité, sans doute aussi son étrangeté, sa profondeur morale. Ces contes nous parviennent comme l'eau d'un ruisseau qui, de pierre en pierre, de coeur en coeur, de rive en rive, d'âme en âme, a acquis sa saveur propre, sa pureté, sa teinte, et même quelque impureté au charme insolite, entraînée par l'insouciance du courant.
... Un autre aspect du style de Birago Diop est une sorte de pan-vitalisme qui uni . me la nature entière : le sentier souffre « d'avoir la peau trouée » par les sabots rageurs de la chèvre. Par contre, l'image mêle souvent le Réel et l'Idée, la description réaliste et la pensée abstraite.
Les Contes nous disent ce que nous devons savoir. Pour le reste, ils le chantent, et q and la chanson nous serait, pour nous profanes, par trop obscure, Birago Diop s'en tire par des cabrioles légères, comme Kéwell la Gazelle qui exprime tant de choses sans parler, par sa grâce, ses esquives, ses bonds et sa vélocité.
mai 1963.