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Si vous avez connu Birago Diop, merci de nous envoyer vos photos, commentaires, documents et anecdotes afin de compléter ce site. | |
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L'exposition en une dizaine de panneaux présente :
. Birago Diop - Hommes de paix Présentées sur des toiles souples de 80 x 180 cm, des photos en noir et blanc illustrent les textes. |
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02 41 65 14 14
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Le livre d'OR
Merci à ceux qui m'écrivent pour m'envoyer leurs encouragements :
- Je dois dire que je connais bien "le souffle de cet ancien »…son texte m’habite et je le connais par coeur je l’ai mis en scène avec une chorégraphie contemporaine et un percussioniste je l’ai lu et joué maintes et maintes fois pour des décès ce texte est pour tout croyant un message universel d’espoir quelque soit la religion … c’est une prière il est mien il est nôtre et pour cette profondeur universelle merci je ressens chaque phrase dans chacune de mes cellules et sa véracité nourrit ma chaire…
Jean Pierre l’Antillais de Marseille
- Pour mon projet final Littérature d'Afrique Sub-saharien, J'ai décidé de travailler sur la vie et les contributions de Birago Diop dans le mouvement de la Négritude. Je vous écris pour vous dire merci pour le site du web, ca m'avait beaucoup aidé à découvrir Birago Diop.
Amadou Traoere Konteye
- Je trouve que vous avez fait un travail formidable, avec votre site, et mettre à disposition l’œuvre de Birago Diop, de la manière dont vous l’avez fait, est vraiment extraordinaire.
Joël Faucilhon
-J'ai découvert le site de MONSIEUR BIRAGO DIOP et je suis très ému d'entendre sa voix car je n'avais jusqu'ici que ces contes en tête c'est formidable les nouvelles technologies.
Cheikhamidoukane
- Je tenais juste à vous dire que vos photos sont magnifiques.
Karine Suhard
- C'est excellent votre site! Je viens de lire tous les poèmes et j'adore "Saint-Louis".
Felicia Malissen
- Merci pour le travail je n`avais jamais entendu la voix de Birago ça fait du bien.
Bayla
- Félicitations pour votre site. J'ai rencontré Birago Diop à Dakar en 1974 et j'ai toujours vievement apprécié son oeuvre.
J Roman
- Je vous remercie bien vivement pour l'excellente note biographique que vous avez consacrée à ce conteur-traducteur de génie que fut Birago Diop.
Hédi Jaouad
- 18 ans après ma premiere lecture de ce poeme si intense, voilà que le retrouve au hasard de mes pérégrinations sur internet.
Pour m'avoir offert ce voyage dans mon adolescence Rufisquois et Saint-louisien, je vous Grand MERCI!
A travers votre souci de memoire de votre grand père, vous lui donnez plus que jamas raison:"les morts ne sont finalement jamais mort".Ils sont dans le silence de la nuit.
Bah Saliou Tabara
Bravo pour l'exploitation faite de tous ces documents. Très bien, ils n'ont pas fini dans des poubelles. Nombreux sont ceux qui s'en serviront ou vous aideront à les compléter.
Bon courage. Encore merci.
- Le griot de Dakar : «IL EST deux maîtres jurés de l'art de narrer », assurait Walter Benjamin : le paysan et le marin. Sans conteste, le Sénégalais Birago Diop relevait de la première lignée. Vétérinaire de formation, conteur populaire par vocation, il avait beaucoup bourlingué. France, Soudan, Côte d'Ivoire, Mauritanie, Tunisie... Mais il était toujours revenu à Dakar, indéfectiblement attaché à « son bio-tope ouest-africain » et à ses récits d'un autre âge. Leopold Senghor, rencontré à Paris, écrivait de lui qu'il « ressuscitait » et « rénovait » les contes de jadis, « avec un art qui, respectueux de ta langue française, conservait toutes les vertus des langues négro-africaines ».
De ce grand-père fabuleux, Patrice Birago Neveu n'a guère le souvenir. Elevé en France par son père, il n'a fait que «croiser» son aïeul, lors de vacances au Sénégal, entre 6 et 12 ans. En 1999, il décide de consacrer un site Internet à l'œuvre de Birago Diop. « Pour entretenir la mémoire familiale », raconte-t-il, et transmettre à tous dires et récits, selon l'essence même du conte : « Devant la difficulté à faire rééditer l'œuvre de mon grand-père, la famille a décidé de mettre en ligne le plus de textes possible. » Photos, archives sonores et vidéos sont venues enrichir l'ensemble. A l'internaute, ensuite, de construire son parcours. En introduction à Fari l'ânesse, Birago Diop n'écrivait-il pas que « sortir de son propos - souvent à peine y être entré - pour mieux y revenir» est l'accoutumée du conteur ?
Marie Bélœil - Le Monde.fr
-Merci de continuer à faire briller la flamme que l’illustre Birago Diop a allumé au nom de l’Afrique toute entière! Puisse ses œuvres toucher la jeunesse africaine d’aujourd’hui qui a plus que besoin de repères et de références. Par le biais d’internet, je pense que vous avez trouvé la bonne façon de rejoindre cette jeunesse. Bon courage pour la suite…
D. Sanou
- Ah! où sont les heureux jours de ma jeunesse où des amis m'ont prêté les contes d' "Amadou Koumba" ainsi que les nouveaux contes!!! ce temps me semble loin et pourtant tellement proche... L'Afrique ne me quittera jamais, c'est plus qu'un continent, et dire que je suis sénégalais, camérounais ou algérien ne veut pas dire grand choses; si ma peau est claire, je reste africain et j'en suis fier; si j'ai la peau foncée, en moi, je sens que c'est une fierté, un honneur, un symbole dont on ne se sépare qu'à la mort; et encore, on laissera en mémoire sa ..."négritude". Je suis blanc et je suis étudiant; je suis algérien et j'aime mon continent; les états ont été créés par les occupants coloniaux qui se sont succédés et qui n'en finissent pas de tout morceler à leur guise, pour leur profit; et les petits chefs ne veulent pas comprendre qu'en marchant dans le sillage des puissants états, ils condamnent l'avenir de leurs petits enfants... Mr Birago Diop que j'aime beaucoup lire et relire m'a orienté un peu dans la vie. Je suis vétérinaire et je m'adonne à l'écriture. J'ai écrit une nouvelle où j'ai raconté l'histoire d'un jeune homme qui a suivi son père-éducateur- et ils ont quitté l'Andalousie (11 e siècle); le jeune fils qui survivra au père ira en Afrique sub saharienne enseigner la langue arabe, la philosophie et la religion... on revient à l'oralité qui n'a jamais quitté l'Afrique et qui y a existé de tout temps! Ce bonhomme s'installera à Awdaghoust et à Sidjilmassa pour fonder une école qui perdurera jusqu'au vingtième siècle...
Mr Diop demeure pour moi un écrivain incontournable bien qu'il n'ait pas été prolifique. Il ne s'est pas adonné -à fond-à la politique et c'est tant mieux. Mrs Senghor et Césaire ont été plus avantégés car ils ont eu cette chance de côtoyer les milieux de l'édition etde la haute politique. Mr Diop est resté humble dans ses démarches comme tout africain vrai. Il n'a pas recherché la gloire et c'est la gloire qui l'a trouvé. On l'oubliera pas de sitôt.
FARDEHEB Usama
- Au hasard de mes recherches tous azimuts sur la toile. je viens de tomber sur les trois photos de votre site. J'ai été touchée en plein coeur. San fait partie de mon histoire personnelle. Mon père y a été gendarme en 1955-57. La maison où nous vivions était toute semblable à celles que vous avez photographiées. J'ai de merveilleux souvenirs de cette trop courte période : l'entourage immédiat, les gendarmes qui entouraient mon père, notre cuisinier Malik, l'école, les parfums, la musique...
J'ai vécu notre départ comme une grande douleur inguérissable. J'aimerais partager tout cela. Peut-être même retrouver des gens que j'ai pu croiser. je vous saurais gré de toutes les informations que vous pourrez m'apporter. Je n'ai aucun document de famille. Le peu qui existe est entre les mains de ma soeur.
Toutes mes amitiés
Françoise BONIN
- J'ai connu, admiré, et apprécié les conversations que j'avais avec Birago Diop.
Le temps passé trop vite
Je suis fière et émue de l'avoir rencontré
Khadi
- C'est une fierté pour moi et je suis heureuse de savoir qu'il y a quelqu'un qui veille sur son oeuvre
Innov
-Bonjour! Je suis un ignorant admirateur de Birago Diop dont j'ai croisé par hasard la poésie au collège. j'entendais lire Souffles et je fus immédiatement saisi pas la musique de ce merveilleux poème et par une certaine présence que j'y sentais sans trop savoir de qui elle était précisément présence. J'ai dit ignorant admirateur parce que jusqu'ici je n'ai jamis lu un livre en entier de Birago. Admirateur parce que, alors que j'ai oublié la quasi totalité des matières du collège, dix ans après je me souviens toujours distinctement de la première fois où j'ai entendu lire les Souffles. Je vous ai donc écrit tout simplement pour vous dire quel pouvoir ce seul poème a exercé sur moi. Bien à vous.
Chris.
- Mes souvenirs d'enfance me sont revenus en écoutant ce chef d'oeuvre de la littérature Africaine. Merci pour le neveu pour qui l'a mis en son.
Adjanohoun
- Bravo pour votre site. j'ai savouré toutes les photos anciennes que vous avez mises en ligne. qui correspondent pour beaucoup à l'époque où j'y étais.
Cévanne Haicault
- Il se trouve que quand j'étais enfant, j'habitais le Point E, ainsi qu'une de mes amies qui logeait précisément dans une maison jouxtant celle de votre oncle, à côté du temple adventiste. Vous vous souvenez certainement mieux que moi de l'endroit dont je parle. Nous avions toutes deux des chats et donc nous connaissions Birago DIOP à la fois comme un très grand poète et aussi comme un ami des enfants et des animaux, car nous appréciions beaucoup sa gentillesse.
Quand, lors d'un de mes retours, j'ai appris sa mort, j'en ai été presque encore plus frappée que de celle de Mariama BA, parce que je ne connaissais pas Mariama BA alors que votre oncle je le connaissais. Or chaque fois qu'un écrivain (et poète) de qualité meurt c'estun peu, si on aime ses livres, comme si on perdait un ami.
Bonjour à vous et au Sénégal,
Diane MEDUS
- Je suis natif de San (Mali). J’ai découvert votre site en novembre 2001 quand je me trouvais en France. J’ai surfé sur votre site avec un grand plaisir.
Mamy Soumaré
- Je viens de découvrir ce site. Merci de nous faire gagner du temps et bon courage pour la suite.Originaire du Bénin, je suis pretre en mission d'études sur Paris. Merci beaucoup
Nouwavi
- Félicitation pour votre site , mon père et ma mère étaient des amis de votre oncle et tante. Votre oncle était un Grand Homme . J'étais un petit garçon qui était séduit par une de ses filles je crois Dédé et je garde un beau souvenir de la famille Birago-Diop.Encore bravo.
PHILIPPE BRUNE
- Je suis trés heureux de découvrir ce site du pére Birago qui est né la même année que mon pére El hadji Ibrahima DIOP Makhtar (9 janvier 1906- 14 Fevrier 1984).
Mon grand pére est Makhtar DIOP dont le pére Birago parle dans l'une des vidéos en disant "le vieux Makhtar DIOP nous apprenait le coran àprés l'école".Il a été l'Imam de la Zawia El hadji Malick Sy dont parle le pére Birago.Le p.ére Birago a donc appris le coran avec mon pére enseigné par mon grand pére Makhtar DIOP
La maison de mon grand pére est à la rue Felix Faure X Bayeux.Mon grand pére est de la lignée Kouli Ghana dont je dispose de la généalogie.
Lat DIOR Ngoné Latyr DIOP est de la lignée Mbagne Ghana.Je dispose du détail que je pourrais vous envoyer.
Je vous félicite vous et votre famille, notre famille DIOP!!! de ce travail gigantesque fait pour le pére Birago .Que Dieu l'acceuille dans son paradis le plus haut!! Amine.
NB:je ne dirai jamais à nos cousins à plaisantin les NDiaye que nous étions d'abord Ndiaye avant d'être des DIOP!!!!!Il ils se moqueront encore plus de nous!!!
Regards,Salutations,Assalamou Aleykoum
Momar Diop
- Je suis un ignorant admirateur de Birago Diop dont j'ai croisé par hasard la poésie au collège. j'entendais lire Souffles et je fus immédiatement saisi pas la musique de ce merveilleux poème et par une certaine présence que j'y sentais sans trop savoir de qui elle était précisément présence. J'ai dit ignorant admirateur parce que jusqu'ici je n'ai jamis lu un livre en entier de Birago. Admirateur parce que, alors que j'ai oublié la quasi totalité des matières du collège, diz ans après je me souviens toujours distinctement de la première fois où j'ai entendu lire les Souffles. Je vous ai donc écrit tout simplement pour vous dire quel pouvoir ce seul poème a exercé sur moi. Bien à vous.
Chris
- Par hasard en recherchant le poème souffles que j'avais promis à un ami Martiniquais, qui avait parlé du poème suite au journal de TF1 relatant l'accident d'avion ou plusieurs dizaines d'entre eux trouvèrent la mort, et lors des celebrations le poème fut lu à la foule, j'ai découvert ce merveilleux site.
Comme tous les jeunes j'ai appris les oeuvres et poèmes de Birago diop, que mon père appelait affectueusement Tonton Big.Je n'ai jamais su pourquoi .
Il a préfacé son lexique- vétérinaire , Wolof- français et français -wolof 1990 (292 pages).
- J'ai été agréablement surpris de voir des anciens collaborateurs de mon père Dr Mamadou Souleymane Diallo
(Ancien Directeur de l'elevage et des industries animales, Directeur de la sante et des productions animales, et Directeur de la Société d'Exploitation des ressources animales du Sénégal...Pdt Association des vétérinaires du Senegal (ANVS) 1985.
Bonne continuation
Hamath Diallo
Archives sonores de la littérature noire Radio France Internationale 14 Avril 1979. L'Homme et son temps, entretien par Ibrahima Baba Kaké |
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Interview avec Birago Diop par Mohamadou Kane 1971 |
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M. Kane : On sait que votre intérêt pour la littérature remonte à votre passage au lycée Faidherbe. Quelle influence s'est plus particulièrement exercée sur vous pour vous conduire parallèlement à vos études de médecine vétérinaire, à faire des vers et des contes ? B. Diop : Il n'y a jamais eu de rapport, de cause à effet, entre mes études vétérinaires et ce que l'on peut appeler ma vocation littéraire. Je me suis fait vétérinaire par nécessité. Parce que le montant de l'hypothèque de la maison familiale ne suffisait pas pour me permettre d'entreprendre et achever les études de médecine humaine pour lesquelles j'étais parti en France après les mois de service militaire passés à l'hôpital de Saint-Louis du Sénégal. Les vers écrits durant mes études vétérinaires sont du premier exil européen commencé avec l'année du P.CN. et prolongeant les " rêves d'adolescent y du lycée Faidherbe (Vernale, Tourment, Misère , Fin d'Année). Les Décalques y sont nés plutôt de la fréquentation de Paul Valéry et non de Rimbaud (comme le dit R. Pageard)... ni de la vague surréaliste qui déferlait alors... mais surtout pour les Parisiens. Je m'abritais toujours derrière Musset, mon maître depuis le lycée. Ces vers, comme le conte de Noël "La sortie manquée " et les comptes rendus de bal, publiés dans " l'Echo des Etudiants de Toulouse " auraient pu être enfantés aussi bien sur le chemin de la faculté des sciences que sous les arcades de l'École dont chacun des trente-six piliers correspondait à un mois des quatre années scolaires que durent les études vétérinaires. En ce qui concernerait une influence majeure sur ma quête littéraire, deux événements m'ont marqué " parallèlement à mes études " : la mort de mon frère Massylla Diop et la parution de la Revue du Monde noir, qui m'apprirent ce qu'il fallait empêcher de mourir, ce qu'il fallait faire renaître, ce qu'il importait de faire vivre. M. K. : Pensez-vous que votre oeuvre aurait été différente si vous aviez pu embrasser le métier d'écrivain, ou bien pensez-vous que d'exercice du métier de vétérinaire a enrichi votre oeuvre, et comment ? B. D. : Pas plus que mes " études vétérinaires ", mon métier de vétérinaire n'a eu une influence notable dans mon œuvre littéraire. Si ce n'est, bien sûr, dans la mesure où mes fonctions de " veto colonial " m'ont permis d'être mieux et plus en contact avec la brousse, gens et nature, au cours de tournées (à cheval, à pied, à bicyclette, plus tard en voiture), de vingt à vingt-sept jours par mois ; à la recherche des éleveurs et des bergers méfiants ; à la poursuite des troupeaux vagabonds. Mais les séjours dans les villages, les haltes dans les campements, étaient également le lot des agriculteurs, des forestiers et des chefs de subdivision. M. K. : Y a-t-il un rapport étroit entre votre qualité de docteur vétérinaire et votre amour pour les contes, des animaux et des hommes, bien sûr ? B. D. : Je ne le pense pas. Bien mieux - ou pis - j'ai cessé d'écrire lorsque je suis devenu un " vrai vétérinaire >, c'est-à-dire un praticien en contact avec sa clientèle animale. Naguère, j'étais un " vétérinaire-stylo ", faiseur de rapports de tournée - mensuels, trimestriels, annuels comme tout fonctionnaire d'autorité. Une des rares fois où, maniant la seringue, je rivalisais avec mes infirmiers et mon surveillant d'élevage, au cours d'une séance de vaccination sur les rives du Diaka, je m'étais fait rappeler à l'ordre par mon chef de service qui m'avait rejoint en brousse au cours de sa tournée d'inspection. Je n'avais pas à mettre la main à la pâte - ce n'était pas le travail du chef de circonscription que j'étais. Bien peu des bêtes de mes contes relèvent de la clinique vétérinaire. Mon amour, disons ma " compréhension " des animaux, s'arrête au cheval et au chien. Les seuls que je soigne " avec le cœur " et non seulement " avec la tête ". M. K. : Comment expliquez-vous l'unité de votre œuvre la continuité qui s'établit, comme d'elle-même, de vos contes à vos poèmes? B. D. : S'il y a une unité dans mon œuvre et une continuité entre ma prose et mes vers, il vaudrait mieux alors inverser l'ordre des facteurs et parler de la continuité de mes poèmes à mes contes. Parce que j'avais écrit tous ou presque tous les poèmes qui composent Leurres et Lueurs et bien d'autres, quand j'ai commencé en 1943 à mettre les Comtes d'Amadou Koumba sur le papier. Pour établir cette unité, il faudrait ne tenir compte que de la dernière partie de mon recueil de poèmes (" Réminiscences ", " Lueurs ") et laisser de côté peut-être l'autre âme du poète dont parle R. Pageard', celle à " la sentimentalité intimiste ". Ceci fait, on retrouvera dans les contes comme dans les poèmes les mêmes sources : paysages, croyances... J'ai même " commis " naguère (et déchiré) des contes en vers. M. K. : Pourquoi ne vous êtes-vous jamais essayé au roman ? Vous avez cependant adapté l'un de vos contes à la scène. Est-ce que, à vos yeux, la parenté entre le conte et le théâtre est plus nette qu'entre le conte et le roman ? B. D. : C'est sans doute une question de " souffle ", car je suis naturellement " taciturne " et " d'esprit synthétique ". Et Boileau m'a marqué depuis le lycée qui ne sut se borner ne sut jamais écrire. Par ailleurs, il me semble que le roman ne peut être qu' " ordinaire " et " croyable ", et frappe moins que le merveilleux ou l'insolite du conte. Pour ce qui est de la parenté théâtre-conte, Senghor, dans sa préface des Nouveaux Contes, l'a bien dit : " Le conte et surtout la fable se présentent comme des drames. " Et aux veillées, tous les contes se jouent. M. K. : Vous vous êtes toujours posé en disciple fidèle d'Amadou Koumba N'Gom. ]'ai montré ailleurs l'évolution profonde qui se dessine des Contes d'Amadou Koumba aux Contes et Lavanes, à travers, bien sûr, les Nouveaux Contes d'Amadou Koumba. Dans le premier recueil, vous vous accommodez de la tradition qui aurait pu constituer un cadre étroit ; dans le record, vous alliez un respect constant de la tradition à un remarquable esprit novateur qui rouvert confine à la fantaisie; enfin dans le dernier, vous pratiquez avec bonheur l'équilibre du fonds africain et des acquisitions nouvelles. D'autre part la virtuosité dont vous faner preuve dans la variation des structurer, des tons, la tentative de création originale que constitue " Sarzan ", tout montre que vous pouvez fort bien voler de vos propres ailes, créer vos propres contes. Pourquoi vous êtes-vous si rarement laissé tenter ? N'envisagez-vous par, aujourd'hui que la preuve est faite et refaite de votre excellente assimilation des leçons d'Amadou Koumba N'Gom, de donner un visage nouveau de votre œuvre, de paner au " stade suprême " de la narration, au roman, dont après tout, contes et nouvelles constituent souvent l'antichambre ? B. D. : Amadou Koumba N'Gom n'a été qu'un prête-nom, un pavillon commode pour couvrir presque toute la marchandise que j'ai essayé de présenter et qui m'est venue de plusieurs sources, depuis l'enfance jusqu'au " Retour au Bercail >, après mes longues randonnées, mes multiples rencontres et mes innombrables haltes. Et au bout de la route, Amadou Koumba s'appelait Youssoufa Diop, d'où " cet équilibre du fonds africain et des acquisitions nouvelles " dont mon frère présentait le type le plus réussi que j'aie connu. Paresse ou humilité, je pense encore que le fonds qui m'a été fourni suffirait amplement pour témoigner en quelque manière. D'autant plus que je crois y avoir souvent mis plus que je n'avais reçu. Je ne considère pas le roman comme " le stade suprême de la narration ", ni que contes et nouvelles en soient l'antichambre. Tout est question de " densité " du récit et de " consistance " des types qui " jouent " ou sont " joués ". M. K. : Comment expliquez-vous votre attachement aux formes les plus classiques de la poésie, le sonnet, la rime, etc. La faveur du public va pourtant à ceux de vos poèmes, " Viatique ", " Souffles ", etc., qui doivent le plus aux formes d'expression poétique contemporaine. B. D. : Disons que c'est chez moi une sorte de tare, de vice, d'intoxication que cet esclavage de la rime. " Je n'entends " des vers que rimés, venant de moi ou d'un autre - je n'ai jamais su ni citer, ni réciter un poème en vers libres. Cependant le sujet de mon premier bac fut " Il est des écrivains dont on dit qu'ils sont des poètes en prose... " Mais Victor Hugo aussi m'avait marqué qui affirme que Le poète en prose, en vers est prophète. Faut-il revenir encore à Boileau sans outrecuidance ? Un sonnet sans défaut... Quant à la faveur de mon public, il n'est pas du tout prouvé qu'elle aille " aux poèmes d'expressions poétiques contemporaines " auxquelles " Souffles " par exemple ne doit rien car c'est un de mes poèmes les plus rimés. Je citerais également " le Chant des rameurs ", auprès des écoliers. M. K. : Vous avez composé des contes à un moment où manifestement la poésie et le roman occupent le sommet de la pyramide des genres, surtout ce dernier, qui pour plusieurs raisons atteint plus vite et plus sûrement un public qui n'a plus beaucoup de temps à consacrer à ses loisirs. Est-ce parce que le conte emprunte à tous les autres genres, ou bien parce que ce genre est encore vivant en Afrique et en Occident, ou plutôt parce que le conte serait le genre qui illustre le mieux la richesse des civilisations traditionnelles en témoignant de leur possibilité de " modernisation " ? B. D. : Pour moi, le roman d est qu'un conte plus ou moins " délayé " et " dilué " où la personnalisation des sujets et des objets amortit les caractères majeurs des " Types " (bêtes, choses et gens) des récits traditionnels qui ont toujours condensé tous les autres genres pour manifester les éléments - positifs et négatifs - des civilisations passées ou en voie de mutation. M. K. : D'une façon générale, vos contes sont originaires de votre pays natal ou de pays où vous a conduit d'exercice de votre métier de vétérinaire. Pourquoi n'avez-vous pas élargi votre inspiration en puisant à d'autres sources ? Pourquoi la Mauritanie, où vous avez été chef de service de l'Elevage, est-elle absente de votre œuvre ? B. D. : A quelles autres sources? Pour trouver quoi d'autre que les récits et mythes de mon " biotope ouest-africain " ? Parce que justement la Mauritanie ne faisait pas partie de ce " biotope ". Je n'ai jamais eu de contact avec le beidane qui pour moi a été " un autre ", mais pas " l'autre ". Je ne l'ai jamais trouvé " chez lui ". |